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lundi 24 janvier 2022

Analyse chapitre1Dernier jour d’un Condamné

 

Chapitre I, Le Dernier jour d’un Condamné 

Bicêtre 
Condamné à mort !  
Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée, toujours seul avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids ! Autrefois, car il me semble qu’il y a plutôt des années que des semaines, j’étais un homme comme un autre homme. Chaque jour, chaque heure, chaque minute avait son idée. Mon esprit, jeune et riche, était plein de fantaisies. Il s’amusait à me les dérouler les unes après les autres, sans ordre et sans fin, brodant d’inépuisables arabesques cette rude et mince étoffe de la vie. 
C’étaient des jeunes filles, de splendides chapes d’évêque, des batailles gagnées, des théâtres pleins de bruit et de lumière, et puis encore des jeunes filles et de sombres promenades la nuit sous les larges bras des marronniers. C’était toujours fête dans mon imagination. Je pouvais penser à ce que je voulais, j’étais libre. Maintenant je suis captif. Mon corps est aux fers dans un cachot, mon esprit est en prison dans une idée. Une horrible, une sanglante, une implacable idée ! Je n’ai plus qu’une pensée, qu’une conviction, qu’une certitude : condamné à mort !
Quoi que je fasse, elle est toujours là, cette pensée infernale, comme un spectre de plomb à mes côtés, seule et jalouse, chassant toute distraction, face à face avec moi misérable, et me secouant de ses deux mains de glace quand je veux détourner la tête ou fermer les yeux. Elle se glisse sous toutes les formes où mon esprit voudrait la fuir, se mêle comme un refrain horrible à toutes les paroles qu’on m’adresse, se colle avec moi aux grilles hideuses de mon cachot ; m’obsède éveillé, épie mon sommeil convulsif, et reparaît dans mes rêves sous la forme d’un couteau.
Je viens de m’éveiller en sursaut, poursuivi par elle et me disant :— Ah ! ce n’est qu’un rêve ! — Hé bien ! avant même que mes yeux lourds aient eu le temps de s’entre ouvrir assez pour voir cette fatale pensée écrite dans l’horrible réalité qui m’entoure, sur la dalle mouillée et suante de ma cellule, dans les rayons pâles de ma lampe de nuit, dans la trame grossière de la toile de mes vêtements, sur la sombre figure du soldat de garde dont la giberne reluit à travers la grille du cachot, il me semble que déjà une voix a murmuré à mon oreille : — Condamné à mort ! Genre littéraire: roman à thèse car Victor Hugo défend une thèse qui est : l’abolition de la peine de mort.
Type du texte : argumentatif.1-Indices de l’énonciation
  •  le destinateur: un condamné à mort=le « je » = narrateur
  • Le destinateur: lui-même   = » il s’agit d’un monologue intérieur. 
  • Le temps: cinq semaines avant l’exécution du condamné.
  • Le lieu: un cachot dans la prison de Bicêtre.
  • Le personnage principal: un homme au cachot depuis cinq semaines attendant son exécution, sans aucune précision sur son nom ou son crime.
  • Temps verbaux: 

 Imparfait de l’indicatif (autrefois): le temps du récit. Présent ( maintenant) : le temps discours.   

 2-Champs lexicaux dominant

 Les champs lexicaux dominants sont en opposition:

  • Celui « d’autrefois » relatif à la liberté: liberté, lumière, fantaisie, bruit, théâtre, splendide, promenade, esprit jeune, libre…
  • Celui de « maintenant » relatif à la condamnation: Captif, cachot, prison, fers, horrible, sanglante, couteau, fatale, soldat, sombre, giberne, grille, condamné à mort…
 = » Entre son passé de libre et sa situation actuelle de condamné une seule idée obsède le prisonnier, il s’agit de sa condamnation à mort.  
3-L’idée obsessionnelle de la condamnation à mort
En évoquant son passé juste avant sa condamnation, le narrateur tente de soulager ses souffrances en pensant à ce paradis perdu (la liberté), mais ce désir d’évasion se heurte à la réalité amère, à l’idée de la mort qui assombrit ses journée, transforme ses rêves en cauchemars sans lui accorder aucun répit.
La force de cette obsession est assurée par l’usage des figures de style telles:
Quoi que je fasse, elle est toujours là cette pensée infernale(la métaphore), comme un spectre de plombe à mes(la comparaison), seule et jalouse( l’allégorie: la concrétisation d’une idée abstraite)… 
Chaque jour, chaque heure, chaque minute avait son idée.( la gradation), (l’anaphore).
4-La visée de l’auteur
La visée générale de l’auteur est celle de défendre une thèse qui a une portée générale : C’est l’abolition de la peine de mort, et ce en insistant sur la souffrance physique et surtout morale du condamné( l’idée obsessionnelle de la condamnation à mort).


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